Budapest – Gödöllö : où je me prend pour une princesse

« J’irais bien refaire un tour du côté de chez Sissi ! » (sur l’air d’une chanson de Dave)

Folie Godollo Hongrie
La joie Gödöllö !

Un réveil en fanfare

Aujourd’hui, nous rendons visite à Sissi ! En ouvrant les yeux, je me sens comme une gamine le matin de Noël. Je saute du lit, surexcitée, et je saute partout dès le réveil. Je crois que mon amoureux est déjà fatigué.

Un nuage au tableau cependant (c’est la cas de le dire hinhinhin) : j’avais emmené une robe de bal pour l’occasion (oui c’est vrai) car impossible de me présenter devant feue l’impératrice en habit de roturière (elle n’est pas enterrée là, je le sais. Seulement, son ESPRIT est là. On va partager un ESPACE : le temps d’une visite, je vais me tenir exactement là où elle s’est tenue) (Bienvenue chez miss zinzin).

Mais la météo avait décidé que mon mec (grandement soulagé ne nous voilons pas la face) ne se trimbalerait pas avec une fille en tenue de gala : c’est le seul jour de notre séjour en Hongrie où il a fait gris et frais. C’est donc à contrecœur que j’ai laissé ma robe longue au placard. Mais je n’allais pas me laisser démonter pour si peu et j’ai sorti quelque chose de plus approprié au climat : un pantalon et une marinière bretonne.

Un trajet mouvementé

En sortant de l’hôtel, l’objectif est simple : bus, métro, puis train de banlieue.

Première partie réussie, nous attrapons un bus sans même attendre à l’arrêt.

Cependant, très vite, ça se met à clocher.

Arrivés à notre station (« Keleti paaaalyaudvar » ou « gare Keleti » en français), le chauffeur gueule un truc en magyar dans son micro.

Alors déjà, en français, quand quelqu’un parle dans un micro, généralement on ne comprend rien, mais là, c’est terrible (si vous ne le connaissez pas, regarder ce sketch d’Anthony Kavanagh pour comprendre toute l’ampleur du problème).

 

 

Dans le bus, tout le monde commence à s’agiter. Nous, on se regarde, inquiets.

Une meuf dans le fond regueule un truc sur un ton pas aimable du tout et le chauffeur l’envoie bouler (il me semble, parce que vous m’excuserez, mais mon magyar sans sous-titres c’est pas encore ça).

Il s’arrête enfin à notre arrêt et tout le monde descend alors que ce n’était pas le terminus.

Mon amoureux et moi, on compare nos théories (c’est fou comme on échafaude tout de suite des plans catastrophiques quand on ne comprend pas la langue !).

Lui, (qui regarde trop de films américains) pensait que le chauffeur gueulait qu’on ne pouvait plus s’arrêter. Genre « Haaaa ya plus de freins ! Vite, où est John Travolta ?! ». #maisbiensûr.

Moi j’étais presque sûre qu’il gueulait à cette débile de française avec son chapeau à ruban rouge (aka : moi) qu’elle devait arrêter d’appuyer frénétiquement sur le bouton STOP et qu’il avait compris que je voulais descendre au prochain arrêt (« kevetkezeu mégaaaalo »).

A ceux d’entre vous qui se demande pourquoi je jouais avec les boutons comme une gamine de cinq ans, je répondrais que les bus hongrois ne sont pas équipé du petit panneau lumineux « arrêt demandé ». Et donc, il n’est jamais possible de savoir si la demande a été reçue par le chauffeur, ou si le bouton est en panne. Pour cette raison, nous essayions à chaque fois quatre ou cinq boutons, pour être sûrs.

Pour en revenir à la descente du bus, nous n’avons pas éclairci le mystère mais après concertation, nous en sommes venus à la conclusion que l’arrêt forcé devait venir des bruits extrêmement étranges que faisaient le bus, à mi-chemin entre le pigeon qui roucoule et la boite de conserve. Non, ce ne sont pas des bruits normaux pour un véhicule qui fait la taille d’un calamar géant et qui est lancé à 50 km/h.

(si vous ne me croyez pas, cliquez ici et vous trouverez une super BD sur la vie et l’œuvre du calamar géant, et notamment une comparaison de sa taille avec un humain, une girafe et … un bus !)

Nous arrivons à un gros carrefour. A noter pour ceux qui aurait l’envie d’aller visiter Budapest après avoir lu cet article, je me dois de vous prévenir : les hongrois sont super fâchés avec les passages piétons. Vous pourrez en chercher, il y en a très peu, et les avenues sont vraiment très larges et encombrées. Donc à chaque fois que vous voudrez changer de trottoir, préparez-vous pour une traversée de l’enfer.

Nous prenons enfin notre métro. La petite victoire du jour, c’est que nous ne nous trompons qu’une seule fois de sens et arrivons enfin sur le quai de la gare où nous attendons un genre de RER qui doit nous amener à Gödöllö, le château chéri de Sissi.

IMG_20160811_094012

En attendant le train, je m’assois sur un banc.

Je souris plus que niaisement et je suis quasi en train de planer en envoyant des photos à ma famille en mode « Smiley-cœur-dans-les-yeux je vais voir Sissi », lorsqu’un sourd-muet m’aborde.

Il me machônne des trucs en hongrois en me montrant un papier.

Grosse angoisse pour moi : je comprends rien, son papier est écrit en hongrois et les sourds muets me collent des angoisses (c’est pas politiquement correct, je sais, mais c’est comme ça).

La crise de gloussement n’est pas loin.

Voire même elle est bien partie.

Je m’obstine à secouer la tête en disant en français, avec un joli sourire « Désolée, je ne parle pas hongrois ». Il insiste. Je ne sourit plus et «Désolée, je ne parle pas hongrois !!! ». Il insiste encore plus, et donc, entre deux rires nerveux, je me met à gueuler « JE NE SAIS PAS LIRE LE HONGROIS ».

Et puis je re-glousse parce que la situation est quand même cocasse (et que je suis horriblement mal à l’aise).

Mon amoureux qui consultait les horaires du train à 50 mètres de là revient enfin.

Et là, démonstration énervante.

Il regarde le sourd muet.

Le sourd muet le regarde.

Avec une poker face à faire pâlir Al Pacino, mon mec lâche un : « No no don’t speak » du bout des lèvres (laconique le mec) et sur un ton complètement normal (c’est à dire, sans beugler comme un putois, LUI). Et ça a SUFFIT pour que l’autre lui lâche la grappe. J’ai halluciné. Et ça m’a énervé aussi. Parce que là, comme dans beaucoup de situations, il a encore fallu qu’un homme vienne et parle pour moi pour que ma parole soit entendue (enfin… on se comprend huhuhu).

Et j’en ai marre. Je veux être une personne qui a une voix, qui est respectée dans ses opinions et ses volontés. Et c’est comme ça partout, dans tous les domaines. Quand est ce que la parole des femmes sera enfin entendue sans avoir besoin de la validation ou de la protection d’un homme ?!

Le train arrive enfin. Nous montons. Par la fenêtre, je regarde défiler le paysage hongrois, qui n’est pas très différent de la campagne du centre de la France. Des collines, du vert, des champs cultivés et des routes.

Nous arrivons enfin à Gödöllö et le train s’arrête juste en face du château.

DSC_1107
La charmante petite gare de Gödöllö

Vis ma vie de Princesse Sissi

En posant le pied sur le quai de la gare, ma voix monte instantanément de 12 tons dans les aigus.

Nous passons le portail.

DSC_1100 (2)
JE SUIS CHEZ SISSI !

Je pleure un peu car je suis émue.

Mon amoureux se moque de moi.

Malheureusement pour lui, quand il me voit pleurer, il pleure aussi.

Du coup, je me moque de lui.

Ainsi, il n’est pas exclu qu’il y ait maintenant une légende sur « ces français qui pleure en riant » parmi le personnel d’accueil du château.

Mais alors, c’est comment Gödöllö ?

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous dire que c’était « joli », car qu’est-ce que ça veut dire au fond « joli » ?

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous dire que j’ai « bien aimé », car je ne suis pas objective.

Mais bien sûr que j’ai adoré.

Bien sûr que j’ai admiré les meubles, les portes, les parquets.

Bien sûr que j’ai contemplé la vue depuis les fenêtres et les tentures violettes (sa couleur préférée).

DSC_1052
Deux secondes plus tard, je faisais coucou à mes fidèles sujets, ceux qui vivent dans ma tête

Bien sûr que j’ai imaginé la vie du lieu avant qu’il ne devienne un musée.

Et BIEN SÛR que j’ai imité Guillaume Gallienne imitant Sissi dans Les Garçons et Guillaume, à table ! en remontant mes jupes imaginaires et en glapissant au moins 12 fois « Oh mon papili, emmène-moi dans la forêt ! » à un Mich qui faisait semblant de ne pas me connaître ! (et BIEN SÛR que les douze fois, ça m’a fait rire).

(Pour ceux qui ne connaitraient pas ce MONUMENT du cinéma, veuillez regarder la vidéo suivante en 0,40′ et 1min50 :D)

 

En plus, la visite était très bien documentée avec des panneaux en anglais.

La cerise sur le gâteau a été qu’on visitait plus ou moins au même rythme qu’un couple de français avec un guide francophone. Enfin au même rythme… Vous m’avez comprise… On a tous déjà fait semblant d’admirer les clous d’une serrure pour écouter, l’oreille bien tendue, ce que dit le guide dans notre dos : *nez à deux centimètres du lambris* « olala, regarde ce moulage, c’est fascinant ! Tu crois que la poussière est d’époque ? » « Chhhhut ! J’entends plus rien ! ».

Comprenez-nous aussi, pauvres routards fauchés, le guide en question était plus qu’hyper-passionné ! D’ailleurs, il couinait presque autant que moi ! C’était difficile de ne pas se laisser entrainer par son enthousiasme !

(ok, moi et mes excuses foireuses, j’avoue tout : on voulait juste ne pas payer la visite guidée).

Bref, j’ai appris plein de choses mais mes illusions d’enfants en ont profité pour se fracasser sur le mur de la réalité (à partir de maintenant, je m’auto-décerne le titre de « reine de la métaphore », appelez-moi majesté) : LE DESSIN ANIME ET ROMY SHNEIDER NOUS ONT MENTI ! Contrairement à ce que je croyais, Sissi n’est pas DU TOUT morte du fait qu’elle était poitrinaire ( aka « tuberculeuse » mais à la mode du 19e siècle). Elle a été assassinée par un anarchiste qui s’ennuyait !

J’ai aussi découvert qu’elle était maxi anorexique. Et c’était pas facile en ce temps-là à la cour (merci les repas de 22 plats de viande en sauce). Alors elle se faisait servir des repas froids dans sa chambre (et ça ne plaisait pas du tout à son auguste belle mère, l’archiduchesse Sophie, aka la grosse pute pour ceux qui ont vu le dessin animé où elle est super méchante), genre bouillons et légumes crus et parfois, quand elle était d’humeur fofolle, elle buvait un litre de sang de bœuf cru, comme ça, cul sec et sans accompagnement. #bonappétitbiensûr ! Ça non plus ils ne le disaient pas dans le dessin animé…

Petit aparté « blague »

En parlant d’archiduchesse, (parce qu’être juste « duchesse », ça ne suffit pas, il faut être « archi »), savez-vous à quoi sert une hyperbole ?

Réponse

A manger de l’hyper soupe !

Pardon, revenons à nos moutons.

Malgré ça, elle était hyper gourmande et ruinait presque la cour avec les commandes qu’elle passait aux meilleurs confiseurs de l’époque. Franz (qui dans la vraie vie était un sacré salaud coureur de jupon) devait régulièrement passer dans Vienne et dans les autres capitales européennes pour éponger ses dettes-bonbecs.

Après cette visite passionnante, nous sommes sortis car les jardins se visitent également, et il y a même une jardinerie spéciale Sissi ! La mémère à plantes qui est en moi frétillait. Je l’ai remise en place : « On repart en avion, comment veux-tu transporter une plante en pot en bagage cabine ? ».

DSC_1078
Le château vu du jardin

C’est entendu, je suis repartie de là heureuse et comblée. Néanmoins, j’émets deux réserves à propos de Gödöllö.

  1. Les photos souvenirs. Malgré ce que je vous avais raconté dans les articles précédents, plusieurs raison nous ont poussé à ne pas faire la photo souvenir en costume de Franz et Sissi (au grand soulagement de mon Amoureux). Tout d’abord parce qu’elles sont uniquement en sépia et que je trouve ça moche. Ensuite parce que ça coûte quand même 25€ cette blague là et que bon, pour une photo devant un décor en carton-pâte (même pas dans le château), merci mais non merci. Enfin à cause des tenues elles-mêmes. Elles sont en polyester moche, sans aucune cohérence historique et les couleurs sont criardes. On en trouve des mieux chez la Foir’Fouille ! C’est pourquoi j’ai opté pour une photo « couple royal du 21e siècle », genre Albert et Charlène de Monaco en chemise et marinière.
  2. La boutique a été pour moi une vraie déception. Alors que dans tous les musées, les boutiques sont un peu le point d’orgue de ma visite, là où j’adore retrouver les cartes postales des lieux/des œuvres que j’ai aimé, et acheter un souvenir de ma visite, celle de Gödöllö était pleine de bibelots chinois et d’objets un peu hors-sujet.

Mais ne restez pas sur cette note un peu négative, car après tout, ce ne sont que des détails qui n’affectent en rien la beauté des lieux ou la qualité des explications. Moi je suis ressortie de là avec des étoiles plein les yeux comme une petite fille et c’est la tête pleine de belles images que je me suis endormie dans le train du retour.

Et j’ai bien fait, parce que le soir… Ruin Bar ! Mais nous verrons ceci dans un prochain billet…

Ça vous a plu ? Vous en voulez encore ?

Retrouvez le reste du récit de notre voyage à Budapest ici

 

DSC_1110
La charmante gare de Gödöllö bis

8 réflexions sur “Budapest – Gödöllö : où je me prend pour une princesse

  1. Enfin, tu te remets à l’écriture ! Hilarant, comme toujours ! En plus, il se trouve que quand j’étais petite, j’avais une passion inégalée pour Sissi (et Angélique, marquise des anges), qui m’est passée depuis grand dieu, mais je trouvais ça drôle comme coïncidence ! Bonne journée à toi !!!!

    Aimé par 1 personne

  2. J’évite suis contente de te relire ! Continues dans t’avais lancée, ça se lit tout seul ^^
    Je ne savais-tu pas que tu aimais autant l’impératrice Sissi !
    Sinon, pour revenir sur le passage du sourd muet, tu sais en Amérique du Sud ou même là en Asie, j’ai souvent le même problème ! En Amérique du Sud, les mecs ne m’adressaient aucun regard et aucune paroles quand j’étais avec arnaud et qu’on discutait avec quelqu’un. Le pire c’est qu’au début arnaud ne parlait pas bien espagnol du coup c’est moi qui faisait la traduction … et les gars ne s’adressaient jamais à moi…. –‘
    Gros bisou !

    J’aime

    1. Oui, je sais bien que c’est un problème global, même en France : quand tu te fais emmerder dans la rue et qu’il faut que ce soit un mec qui vienne demander « si tout va bien » pour que le relou te lâche, ou quand tu vas chez le garagiste pour TA voiture et qu’il ne s’adresse qu’à ton mec par exemple. Mais là c’était tellement frappant que ça m’a vraiment agacée sur le moment.

      Sinon, pour Sissi, j’ai encore mes passions de petite fille sur les princesses, et surtout sur leurs robes haha !

      Merci pour tes encouragements Laure!

      J’aime

  3. Très contente de « te retrouver » ! je ne sais pourquoi, je n’ai pas vu passer les autres billets, je vais rattraper mon retard…
    Toujours tellement bien rythmé ton récit, bravo !
    Je vais lire le reste de ce pas (de valse bien sûr)

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire